Qui est responsable de quoi dans nos Paroisses ?

 

Je souhaite apporter quelques considérations personnelles aux propos de notre frère ELEME, Evangéliste de la paroisse Saint Michel de Champigny, dans son article «Le fondateur était progressiste».

 

L’organisation de nos Paroisses en deux autorités, l’une spirituelle : le Chargé de Paroisse, et l’autre temporelle : le Président du Comité Paroissial, se complique de considérations juridiques en France, du fait que toutes nos Paroisses françaises existent sous forme d’associations autonomes, déclarées individuellement et en particulier non placées sous la coupe d’une autorité supérieure, qu’elle soit une Fédération de Paroisses, ou une Eglise de France, ou l’organisation mondiale de l’Eglise de Christianisme Céleste, créée juridiquement en territoire français - le Dahomey faisait alors partie de l’Afrique Occidentale Française- le 5 octobre 1956, par décision n° 2252/APA inscrite au Journal Officiel de la République Française sous le n°28 du 1er novembre 1956.

 

En droit français, l’association, qu’elle soit cultuelle (loi de 1905) ou non (loi de 1901), est dirigée et représentée par un bureau composé du Président, du Secrétaire, et du Trésorier. Cette trinité est seule responsable, face aux autorités et face à la justice française, de l’ensemble des agissements de l’association. Cela laisse bien entendu le champs libre à une organisation et une autorité internes quant à l’objet de l’association, par exemple pour ce qui concerne le spirituel dans une association cultuelle. Mais jamais cette autorité spirituelle ne prévaudra sur la responsabilité du bureau de l’association face à un juge. Le fait qu’une personnalité éminente de l’autorité spirituelle puisse être  reconnue par différents organismes du monde religieux, culturel ou politique, voire représenter à l’extérieur le Pasteur Chef de l’Eglise lui-même, ne change rien à cet état de fait.

 

Là où le problème se pose, c’est quand l’autorité spirituelle décide d’actes dont elle ne sera jamais considérée comme responsable par la justice française, et lorsque ces actes sont lourds de conséquences, humaines ou financières : investissements pour édifier le temple de la Paroisse, investissements pour financer des campagnes d’évangélisation, etc.  Et bien entendu, je ne parle pas d’actes visant à utiliser des fonds appartenant à la Paroisse sans justificatifs, à des fins privées, mais de tels faits se sont pourtant produits.

 

Comment est-il possible pour un Président de Comité Paroissial responsable et conscient d’avaliser des décisions qu’il aura éventuellement à justifier devant un tribunal, en engageant sa responsabilité personnelle, et cela peut aller jusqu’à la prison dans le pire des scénarios, alors qu’il n’a aucun moyen de s’opposer à de telles décisions car prises par une autorité spirituelle que la culture de notre église lui impose ? Combien de Présidents de Comité Paroissial sont au fait de cette réalité ?

 

Aux yeux du législateur, l’organisation en forme d’association doit garantir le caractère démocratique du fonctionnement du groupe de personnes qui ont choisi de se constituer en association. Les textes précisent que l’assemblée générale vote pour désigner le bureau, et que cette information doit être déclarée à la Préfecture à chaque renouvellement de celui-ci. Combien de Paroisses sont dans l’illégalité sans le savoir ? Il en va de même pour toute décision majeure qui est de nature à engager le futur de l’association, et un compte rendu d’assemblée générale doit être archivé pour permettre un éventuel suivi de la vie de l’association par une autorité judiciaire. Et cela n’est pas compatible avec le fonctionnement autocratique d’un Chargé de Paroisse qui imposerait ses vues au nom de sa responsabilité spirituelle.

 

Alors comment résoudre ce conflit de responsabilités ?

 

En brandissant une pièce de monnaie, notre Seigneur Jésus a déjà répondu, semble-t-il, il y a 2000 ans passés, à cette éternelle question. Il faut que le spirituel et le temporel ne se mélangent jamais, et que ce qui concerne César ne soit jamais en conflit avec ce qui concerne Jéhovah. Bien plus, nos Ecritures sacrées nous enseignent que les dirigeants des états, qu’ils soient républiques, royaumes ou empires, doivent faire l’objet de nos prières pour qu’ils reçoivent l’inspiration d’En Haut : « Eternel, donne tes jugements au Roi ! ».

 

Quel est le domaine de la responsabilité spirituelle ?

 

*  Garantir l’orthodoxie de la foi des Célestes et sa propagation, en accord avec les autorités spirituelles de l’Eglise

*  Veiller à la cohésion et la cohérence des cultes et des cérémonies

*  Dispenser les sacrements

*  Définir les missions religieuses de la Paroisse dans son environnement

*  Défendre les intérêts moraux et spirituels de l’Eglise

*  Assurer la formation religieuse des fidèles et en particulier des enfants

*  Désigner les fidèles aptes à recevoir l’onction et à s’élever selon les grades de l’Eglise

*  Nommer les responsables spirituels aux différents niveaux, et en particulier les Chargés de Paroisse, etc.

 

Quel est le domaine de la responsabilité temporelle ?

 

*  Représenter l’association devant les autorités du pays, pour toutes les activités de la Paroisse

*  Faire fonctionner l’association selon les règles légales

*  Rédiger et faire respecter un règlement intérieur qui s’impose à tous

*  Réunir l’Assemblée Générale représentative des fidèles et des devanciers

*  Définir les grandes orientations  du devenir de l’association

*  Faire voter les points présentés à l’ordre du jour concernant l’administration et la gestion

*  Instruire et arbitrer les problèmes entre fidèles, entre entités constituées

*  Etudier et décider des projets d’extension de la paroisse voire de création de lieux de cultes annexes

*  Défendre les intérêts matériels et sociaux de l’Eglise

*  Recueillir les dons, legs, et subventions,

*  Gérer tous les biens et tous les flux matériels et financiers

*  Gérer toute la communication externe de l’Eglise, etc.

 

En fait, on voit bien que ces deux aspects du fonctionnement ne devraient pas être séparés ni traités par des entités indépendante l’un de l’autre, et au niveau de l’individu, c’est bien le cas, comme l’induisait je pense Jésus dans sa réponse.

 

Mais il reste vrai que le Président doit pouvoir assumer toutes ses responsabilité, ce qui implique, le cas échéant, de pouvoir dire non aux souhaits de l’autorité spirituelle. Souvenons nous, grâce à l’exemple du jugement déboutant le Pasteur Bada, que le dernier mot reste à la Justice du pays, quoi qu’il en coûte !

 

En conséquence, le Président devrait :

 

*  soumettre les décisions majeures, ou en tous cas celles qui suscitent le plus de controverses, à l’autorité de l’Assemblée Générale de la Paroisse, devant qui le Chargé serait invité à présenter et argumenter ses propositions,

*  organiser une prise de décision collégiale selon les règles de la démocratie associative,

*  puis les faire exécuter.

Alors cela peut paraître très administratif et j’en vois plus d’un se dresser pour dénoncer une telle vision des choses où l’Eglise du Christianisme Céleste ne serait plus l’Eglise de Jésus-Christ, représenté par ses Chargés. Mais tout ce processus n’exclut pas, au demeurant, que l’Esprit s’y manifeste, notamment pour inspirer les votants d’une assemblée générale placée sous le signe de la prière.

 

Rappelons pour notre culture comment les communautés juives de l’ancien testament réglaient certains de leurs choix cruciaux. La décision appartenait à un jeu de hasard dont l’histoire a perdu le mode de fonctionnement précis, mais dont les désignations se révélaient in fine conformes aux voies de l’Eternel : je veux parler de Urim et Tummim. Il s’agit de deux objets que le Grand Prêtre portait dans son pectoral (Exode 28,30 ; Lévitique 8,8), qui sont des objets de divination dont s’est servi notamment Samuel (Samuel 14, 41), et aussi le grand Prêtre Eléazar sur les ordres de Yahvé, dans Nombres 27, 21.  Je crains que ce mode de prise de décisions ne soit pas lui non plus agréé devant les autorités de notre pays.

 

Chacun sait bien qu’actuellement, partout en France et ailleurs, le Chargé est le vrai chef et souvent seul décisionnaire de la Paroisse, sans toujours toute la transparence souhaitée, et le propos de l’Evangéliste ELEME va bien, me semble-t-il, dans ce sens. Si l’on veut que cela perdure, et si l’on veut que l’instruction explicite du Fondateur concernant l’organisation des Paroisses ne se heurte pas à la rigueur de la législation française, il faudrait au moins que le Chargé de Paroisse soit responsable de ses choix et décisions devant les autorités judiciaires, donc qu’il devienne le Président, et que celui qu’on appelle actuellement Président ne soit qu’un délégué placé sous les ordres du Chargé pour traiter l’administratif.

 

Le seul défaut d’un tel arrangement est qu’un tel « Président – Chargé » devrait être légalement élu par l’Assemblée Générale, ce qui n’est pas le cas puisque ce ne sont pas les fidèles ni même un collège des devanciers qui élisent le Chargé.

 

Décidément, la question n’est pas simple à résoudre. Il semble qu’on ne puisse faire l’économie du principe de séparation des pouvoirs, mais cela oblige à amputer le Chargé de ses actuelles prérogatives matérielles et par là d’une partie de son autorité. Y sommes nous prêts ? Est-ce bien là fidélité à l’idée du Fondateur ?

La question n’est pas résolue non plus de savoir si les Paroisses devraient conserver leur autonomie, ou la perdre pour devenir des entités décentralisées d’une entité nationale (l’Eglise de France), qui seule aurait la personnalité juridique qu’on vient de décrire. On voit bien que le cas échéant la question qui se pose au niveau de la Paroisse serait purement et simplement transférée au niveau fédéral/national.

 

Peuple des Célestes de France, je soumets cette question à votre sagacité. Il n’est pas inutile d’y réfléchir, puisque devant la Loi nous sommes tous collectivement décisionnaires de l’organisation à mettre en œuvre au sein de notre association cultuelle.

 

Il n’est pas interdit non plus de demander à l’Esprit de nous inspirer. Que l’Eternel nous aide à construire son Eglise avec Lui !

 

Frère Christian Le Dalour.

ECC - France

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