. La Pédagogie du désert.
Ou
Les leçons des épreuves pour un chrétien
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Sommaire :
Le peuple Hébreu en
Egypte et dans le désert
Les leçons universelles
de la traversée du désert.
La
sortie de l’Egypte- l’Exode- et le séjour dans le désert (du Sinaï) auront été
l’une des grandes leçons de la pédagogie divine pour son peuple et pour
l’humanité. La première des toutes c’est qu’aucun acte humain ne peut être
isolé du plan de Dieu. Tout ce que nous faisons individuellement ou
collectivement a de l’incidence sur les autres et donc sur la création, œuvre
de Dieu. Dans le cas qui nous concerne actuellement on trouve un condensé
des leçons du désert dans quelques versets du livre du Deutéronome (Deut 8). Et c’est le vieux guide du peuple hébreu au
crépuscule de sa vie, cet ami de Dieu,
Moïse qui, à 120 ans, adresse trois discours successifs à ses frères et leur
donne le vrai sens des épreuves qu’ils ont vécues ensemble à travers les
pérégrinations du désert. Voici ce qu’il leur dit en substance à ce
propos: vos épreuves étaient nécessaires sinon indispensables pour votre
vie future; tout ce que vous avez vécu n’était qu’un outil didactique de la
pédagogie divine ; un moyen efficace que le Dieu de nos pères a utilisé:
1. pour vous éduquer,
2. pour tester et consolider
votre attachement à LUI ;
3. pour vous apprendre à
retenir l’essentiel dans votre passage sur terre.
Aujourd’hui
nous le comprenons mieux ; les épreuves du peuple hébreu dans le désert
ont servi de laboratoire pour le bien de l’humanité tout entière. Car il n’y a
pas un pays au monde qui n’a dans son code civil une loi qui ne fait référence
à ce que le peuple hébreu avait durement expérimenté dans le désert.
Voici
comment Moïse résume la situation et tire la leçon générale ; il
dit explicitement au peuple:
« Tout le commandement que je te donne aujourd’hui, vous
veillerez à le mettre en pratique afin que vous viviez…Tu te souviendras de
toute la route que le Seigneur Dieu t’a fait parcourir depuis quarante ans dans
le désert afin de te mettre dans la pauvreté ; ainsi Il t ‘éprouvait
pour connaître ce qu’il y avait dans ton cœur et savoir si, oui ou non, tu
allais observer ses commandements. Il t’a mis dans la pauvreté, il t’a fait
avoir faim…pour te faire connaître que l’homme ne vit pas du pain seulement
mais qu’il vit de tout ce qui sort de la bouche du Seigneur. Ton manteau ne
s’est pas usé sur toi, ton pieds ne s’est pas enflé depuis quarante ans et
tu reconnais, à la réflexion, que le
Seigneur ton Dieu faisait ton éducation comme un homme fait celle de son fils. » (Deut 8 : 1-5 TOB).
Et
il ajoute et met en garde d’oublier cette leçon surtout lorsque la
prospérité nous sourit: « si tu manges à satiété, si tu te construis de belles maisons
pour y habiter, si tu as beaucoup de petit et de gros bétail, beaucoup d’argent
et d’or, beaucoup de biens de toutes sortes, ne va pas oublier le Seigneur ton Dieu …» Dit l’Éternel (Deut 8 : 12-19 TOB).
Le
séjour du désert était une étape inscrite dans les temps de l’histoire
religieuse. La finalité de cette histoire c’est le salut de l’humanité.
Personne ne connaît les limites des temps. Leur origine remonte bien au delà de
la Création ; certains savants assistés des instruments de calcul et de
mesure font remonter l’origine du temps jusqu’au ‘Big
Bang’, ce trou noir ou la limite de l’intelligence humaine! Au delà de ce
trou il n’y a que des hypothèses, des élucubrations. Dans le sens contraire, le
futur lointain on parle du temps eschatologique, le temps du Jugement dernier.
Vu de cette échelle infinie, le séjour dans le désert ne représente qu’une
infime, une toute petite étape transitoire dans l’immensité de temps. Mais
combien capitale avant l’installation du
peuple hébreu à Canaan, est la terre promise à Abraham par alliance. Une terre
aux différents noms ; on l’appelle aussi la ‘Palestine’ du nom que
les Romains lui avaient donné lorsqu’ils l’occupaient en tant que nouvelle
province de leur empire.
Cette
étape faisait suite à l’arrachement du peuple de son esclavage qui a duré
quatre siècles en terre égyptienne.
Un
peuple venait d’être libéré des mains d’un tyran ; il était opprimé,
asservi, réduit au niveau de la bête de somme dans sa corvée quotidienne. Cette
libération est aussi une leçon pour nous ; car chaque libération permet de
découvrir à la fois et la nature profonde de l’oppresseur et celle de l’opprimé
dans sa douleur. Le peuple a découvert la cruauté de l’Egypte et, aussi sa propre douleur. Devant la rudesse du
désert, le peuple a eu en main la possibilité de comparer les situations :
d’une part sa douloureuse période d’esclavage et, de l’autre celle de sa
pérégrination dans la précarité et la sécheresse du désert. Il n’y a pas
d’exagération lorsque quelqu’un dira de l’égyptien qu’il avait durement asservi
l’hébreu et pratiquait sur lui un traitement inhumain dans le seul but de
satisfaire une certaine mystique de la haine. Quand on analyse les gestes du
travail effectué par l’hébreu au quotidien, les peines infligées et supportées
on se rend compte qu’il s’agissait vraiment d’un acharnement sans graduation
des objectifs dans la haine ; tout traitement aliénant que l’égyptien
imposait aux hébreux devait servir la cause de la haine. Tous les moyens de
torture disponibles et imaginables étaient considérés comme matériau pour
construire ou pour assouvir cette haine et, utiles pour atteindre ses
objectifs; quand on réfléchit sur la question et sur la méthode du traitement employées sur l’hébreu, on peut s’apercevoir
que la mystique de l’égyptien de cette époque servait à réduire l’hébreu à
néant avant de le détruire complètement par la corvée. Le
diable ne fait pas autre chose sur les chrétiens ; il essaye d’en asservir
au maximum par des subterfuges (détours), en multipliant les occasions de chute
qui flattent les cinq sens.
Un chrétien avant le baptême est forcément quelqu’un qui sort de
l’esclavage du péché; mais tant qu’il est encore sur terre sa libération
peut le placer pendant un certain temps dans un quelconque type de désert pour
lui apprendre à découvrir l’essentiel de la vie, à affermir sa foi et à
soutenir son espérance. Cela peut être n’importe quoi : maladie, chômage, divorce,
handicap quelconque, ou toute autre galère, en parlant moderne. Si nous pouvons
tirer des leçons de ce qui s’était passé hier dans le désert naturel,
nous savons aujourd’hui que rien n’a changé de la nature humaine: on a encore
et toujours des « hébreux » et des « égyptiens » :
L’exploitation
de l’esclavage des noirs en Amérique durant plus de 400 ans depuis le 16ème
siècle et l’Apartheid en Afrique de Sud sont autant de comportements identiques
d’asservissement de l’autre « hébreu silencieux et pauvre» par
l’égyptien des temps modernes. Seule la méthode a changé et est devenue plus
sophistiquée : mais les objectifs sont quant à eux toujours les mêmes.
Dans
son livre ‘Dieu est Noir’, Bruno CHENU décrit les conditions et les traitements
subits par des esclaves noirs dans les plantations en Amérique du Nord.
L’horreur vécu par ces esclaves commence dès le départ sur le sol africain et
se poursuit en mer et sur le sol américain. En mer les plus affectés, les
plus affaiblis, les corps de ceux qui étaient morts d’épuisement ou des
maladies, les malades jugés irrécupérables et les rebelles qui refusaient de
s’alimenter pour protester contre la maltraitance et les chaînes aux pieds dans
des cales, tous ceux-là étaient jetés par dessus bord pour servir d’exemples
pour les autres et de nourriture pour les requins. Dans son journal de bord
le capitaine d’un autre bateau marchand transatlantique a décrit, selon
l’auteur, comment les gros cétacés se mettaient à suivre le sillage des bateaux
de transport d’esclaves jusqu’à la côte américaine. Ce spectacle durera de
nombreuses et longues années, le temps qu’a duré ce scandaleux commerce.
Le
banc des requins traçait ainsi une voie maritime perceptible à d’autres bateaux. Arrivés sur le sol
américain ou au Brésil où les travaux dans des plantations et le fouet des
maîtres les attendaient, les esclaves
n’en étaient pas encore tout à fait au bout de leur peine et de leur douloureuse épopée : sur place aucune
vie de famille réellement composée n’était assurée : si par miracle une
famille se composait et des enfants y naissaient, le maître avait encore les
moyens de la diviser à sa guise en vendant les enfants et ou la femme. Les
enfants étaient d’ailleurs affectés aux travaux dans la plantation dès le plus
jeune âge.
Le
divorce trop facile en particulier des étrangers en terre d’exil ou
d’immigration est une forme savante de destruction de ces familles ; il n’ y a pas un jour qui passe sans qu’on entende à la radio
ou à la télé parler de la délinquance sans ajouter aussitôt : les enfants
des familles défavorisées et ceux issus de l’immigration n’ont aucune chance de
s’intégrer dans la société. Mais une question : qui est à la
base ? Et qui
« défavorise » les enfants des familles entassées dans les
taudis à
4 ou 5 par chambre délabrée ? Que dire
de leur rendement médiocre notamment à l’école et de ce fait de leur marginalisation ?
L’acquisition
des esclaves, « marchandise » ou outil de travail bon marché, se faisait soit par la capture violente lors
des incursions des marchands blancs à l’intérieur des territoires de la côte
ouest-africaine soit par le biais de la négoce soit
par du troc. Il y avait une petite mise en scène
avant l’embarquement, tout esclave devait recevoir le baptême avant de prendre
le bateau ; cette mise en scène avait pour objectif de flatter la
conscience des marchands d’esclave chrétiens : portugais, espagnols,
hollandais, anglais, français, pourtant vieilles souches du christianisme,
ainsi que celle des colons déjà installés sur place là-bas sur des grandes
terres et, qui ne se priveront pas
d’utiliser la dureté inhumaine à la sauce d’un christianisme édulcoré pour
bâtir le capitalisme.
Cela
prendra plus de 400 ans sans que la conscience chrétienne qui s’est finalement
accommodée ne bronche. Cette bonne conscience chrétienne occidentale ira même
jusqu’à interdire aux esclaves noirs d’apprendre à lire et à écrire ! On
retrouve les pratiques de l’égyptien sur l’hébreu. Pourquoi ne briser que
la chair sans toucher à l’intelligence d’où peut venir l’idée
d’organisation et de résistance?
La colonisation de l’Afrique n’était-elle pas basée sur le même
principe visant la culture de l’ignorance pour une meilleure exploitation de la
population
et de ses ressources tant humaines que naturelles au profit de
l’Europe chrétienne ?
Des
gens travaillent certes pour sortir du sous-développement et l’éradiquer afin
de s’élever en dignité sociale ; mais en réalité ils subissent plutôt de
plus en plus l’exploitation sans gène du plus fort, en l’occurrence du
capitalisme.
Le
sous–développement dans toutes ses formes est une autre forme d ‘esclavagisme.
Dans son rapport annuel 1998 la Banque Mondiale (BM) a décrit les mécanismes et
les causes du sous – développement d’une bonne partie de l’humanité
assujettie ; cette humanité assujettie résident dans les pays moins
avancés ‘PMA’. La BM fait la description
avec un soupçon d’hypocrisies et partage les torts ; d’une part elle
dénonce les pratiques des dirigeants des (PMA) réfractaires à toute idée et
toute notion du bien public ; … Avez-vous une idée des mécanismes et du
traitement des ‘experts’ imposés des pays riches qui travaillent pour le
développement des PMA? N’aggravent-ils pas exponentiellement le poids de
la dette des PMA ? Avec parfois des
projets inutiles au prétendu développement. La
corruption et les actes de prédation sont donc quelques unes des pratiques de
l’esclavagisme. Le résultat de ces pratiques c’est que les peuples sont écrasés
sous le poids énorme de la dette de leur pays, dette due aux intérêts
d’emprunts accordés pour le développement.
Le livre de Siracide ou Ecclésiastique
dans la Bible version TOB ou autre de Tradition catholique, aux chapitres 38 et 39, décrit la supériorité du
scribe sur l’artisan. La Bible dit en substance :
« Tous les artisans sont habiles chacun dans son propre métier; ils
construisent la ville et les routes certes, mais ils ne participent jamais au
conseil du peuple ; ils ne s’assoient pas sur le siège du juge ; on
ne demande jamais leur avis pour ce conseil ; toute leur attention est
rivée à parfaire le vernissage ; à traire les vaches ; à forger le
fer matin et soir.
Mais il en va autrement du scribe
qui s’applique à réfléchir sur la Loi du Très-Haut, qui étudie la sagesse des
anciens et consacre son temps à scruter les prophéties ; il conserve les
récits des hommes renommés et pénètre les détours des paraboles, étudie le sens
caché des paraboles ; il voyage dans les pays étrangers et acquiert de
l’expérience car , dit-il au chapitre 34 : 9-10 : un homme qui a
voyagé a beaucoup appris et que l’homme d’expérience s’exprime en connaissance
de cause ; et qui n’a pas été mis à l’épreuve sait peu de chose, mais
celui qui a voyagé est plein de ressources. »
Il
ne fallait donc pas que l’esclave apprenne à lire ni à réfléchir ; et il
fallait pour cela l’occuper à tout prix même rudement. Lui apprendre à lire le
mènerait à voyager, en savoir plus et à revendiquer. Ce serait arrêter
l’exploitation de la misère.
Le
peuple hébreu d’aujourd’hui c’est le tiers-monde et, l’égyptien c’est le
capital, le dieu de l’argent ; et l’argent c’est de la matière périssable
dont la valeur est une convention spéculative sans état d’âme. Hier le pharaon
a demandé à Moïse venu lui transmettre l’oracle du
Seigneur : « Qui est le Seigneur ton Dieu pour que j’écoute sa
voix en laissant partir Israël ? Je ne connais pas l’Eternel et je ne
laisserai pas partir Israël.» Et nous
savons que le pharaon a fini par augmenter la cadence du travail et a exigé de
chaque hébreu une production journalière croissante et optimale.
De
même, aujourd’hui le capital financier se nourrit et ne peut survivre que de la
croissance, sous-entendu du bénéfice, réalisé parfois au prix d’une guerre avec
des armes de destruction massive. La guerre étant bien entendue l’un des moyens
les plus rapides d’accroître ce capital.
Nous
savons aussi d’autre part que les méga-fusions
des grandes entreprises sont une forme de l’oppression pharaonique
moderne : ce sont des moyens
qui répondent à une logique économique globalisante : pour survivre cette
économie doit grossir; l’expansion a ses lois et ses règles qui sont basées sur l’exploitation du plus
faible. La prédation n’est pas seulement
animale; elle est surtout humaine et a
pris de l’ampleur dans l’entreprise avec la crise. Combien de petits pays se
meurent incapables de supporter la charge, cette cavalerie sans pitié ? Peut-on s’attendre à un libérateur, à un Moïse des temps
modernes ? Qui Dieu enverra-t-il pour apporter la liberté ?
Les égyptiens se sont aperçus que bientôt le peuple des enfants d’Israël allait les surpasser en nombre! Ils craignent que ce peuple ne se joigne un jour à l’ennemi pour les combattre et qu’il ne quitte le pays. Une série de mesures répressives va à être mise en place pour en finir avec les enfants d’Israël. L’une des mesures sera le décret malthusien du Pharaon donnant un ordre macabre aux sages-femmes ; il fallait qu’elles surveillent et observent les naissances ; et qu’elles tuent tous les garçons à leur venue au monde!… Mais deux d’entre elles qui étaient pourtant païennes, dans une Égypte païenne, avaient la crainte de Dieu! Cette histoire tout comme la mésaventure d’Abraham avec le pharaon à propos de Sarah (Gen 12) sont une leçon divine ; elles démontrent que la Loi de Dieu est inscrite dans la conscience humaine de tout individu. Ces deux femmes sont Chiffra et Poua ; elles refuseront de plier sous l’ordre du pharaon qui leur demandaient d’étouffer les rejetons hébreux afin éteindre la race. Il y avait une autre mesure : ce sont des corvées, des travaux extrêmement accablants, pénibles et avilissants. Leur utilité pratique visible est discutable. On pourra toujours justifier leur utilité sociale, civile ou militaire : l’hégémonie et l’expansion du régime pharaonique exigeaient des travaux de construction colossaux. Mais les corvées avaient aussi une utilité cachée ;
L’objectif
était de toucher et de briser le subconscient par les humiliations et les
brimades répétées, car en humiliant les hébreux l’égyptien cherchait et croyait
briser du même coup leur moral.
On est dans la période de la construction de la
puissance économique et militaire de l’Égypte ; les besoins en maçonnerie
sont immenses ; il faut des briques pour construire les maisons privées,
les bâtiments publics civils et militaires. Il faut des murs et des remparts
pour fortifier des villes, pour faire des clôtures autour des édifices et des
potagers du Delta... …C’était un travail à la chaîne, un travail pénible qui exige la répétition impitoyable
des mêmes gestes. C’était déjà la
servitude.
Un travail irrationnel et absurde que nous pouvait
vivre Moïse prédestiné à faire sortir Israël de la servitude. A pharaon, il
transmet les oracles de l’Éternel demandant de laisser partir le
peuple dans le désert pour une célébration : « Permets-nous de faire trois jours de marche dans le désert , pour faire des sacrifices à l’Eternel, notre Dieu… »
(Ex 3 : 18). Moïse demande donc au Pharaon de laisser les hébreux
aller à la rencontre de leur Dieu dans
le désert; le rendez-vous est fixé à trois jours de marche dans le désert;
mais le pharaon, conscient de la réalité de la vie dans le désert, demande à
Moïse : « Mais qui est l’Éternel ? » - sous-entendu qui est
assez fou pour amener tout un peuple sans rien dans un milieu si aride - et,
croyant qu’il s’agissait d’un bluff de Moïse pour ménager les efforts presque
surnaturels de son peuple, ou une façon de ralentir la cadence de production
des briques à la chaîne, le même pharaon durcit la corvée imposée aux hébreux.
Quelle double souffrance psychologique pour
n’importe quelle âme sensible à la douleur. Cependant l’enjeu dans ce travail
« égyptien » n’était pas seulement la production à tout prix des
briques en respectant le quota journalier; le véritable enjeu était d’écraser
les hébreux, de les humilier, de les atteindre globalement dans leur corps et
leur âme, de les dégrader et de suivre impassiblement le spectacle pour
satisfaire les instincts bruts de l’homme. On découvre l’égyptien et la servitude.
Au paroxysme de la servitude le peuple crie et
n’a qu’une envie : partir n’importe où ; et loin de la main et
de la vue du pharaon. Le cri est entendu : « J’ai vu les souffrances de mon peuple qui est en Egypte, et j’ai
entendu les cris que lui font pousser ses oppresseurs, car je connais ses
douleurs. Je suis descendu pour le délivrer… » Dis l’Eternel Dieu (Ex. 3 : 7). l’Éternel intervient donc et sort triomphalement le peuple
hébreu de l’Égypte pour l’emmener dans la terre promise! En passant par le
désert ! La libération est obtenue après un rude combat des dieux, combat
entre le Dieu d’Abraham et les dieux égyptiens.
Ces derniers ont eu le mérite d’opposer une certaine résistance héroïque mais vaine. Le rendez-vous est fixé : la rencontre aura lieu dans trois jours aux pieds du Mont Sinaï dans le désert... Mais c’est finalement au bout de trois mois que la rencontre a eu lieu; le peuple exténué arrive et s’installe au pieds de cette montagne historique, enrobée par une épaisse nuée et de bruits fracassants; il faut se préparer saintement pour rencontrer Dieu. Une délégation de 70 personnes est désignée pour accompagner Moïse le meneur choisi pour rencontrer seul l’Éternel au sommet de la montagne ! Moïse, un homme d’exception, a eu ce courage extraordinaire de parler face à face avec Dieu !
Les leçons spirituelles, administratives, sociales, organisationnelles de cette traversée sont nombreuses.
D’abord Dieu va concrétiser son alliance
avec le peuple à qui Il donne la loi au moment où les religions antiques
demandaient très peu à l’intelligence, il suffisait de se fabriquer n’importe
quoi et d’en faire son dieu .
Mais le Dieu de Moïse va assigner au peuple hébreu un impérieux devoir : de n’avoir qu’un seul Dieu ; d’étudier sa loi et surtout de la mettre en pratique! Dieu met ainsi fin à une pédagogie d’accompagnement quelque peu infantilisant mais souvent brutal. Maintenant il y a une loi écrite; il faut que le peuple l’apprenne ; son existence en dépend.
Une bonne assimilation de cette loi doit se faire
lorsque le fidèle est tout disposé à ne dépendre que
de Dieu seul. Et cette disposition n’était réalisable que dans le
désert. Ainsi, de milieu naturel aride et inhospitalier qu’il est en réalité,
le désert va devenir le laboratoire expérimental de l’humanité dirigée et
gouvernée par les lois divines ; le désert est alors ce lieu privilégié
que Dieu se choisit pour que se réalise effectivement la rencontre décisive
avec le peuple élu, porteur des promesses faites par l’alliance aux
patriarches. La splendeur de l’Égypte rayonnante avec ses pyramides imposantes
n’a pas suffi ; sa splendeur ne sera pas prise en compte et ne sera jamais
un cadre idéal déterminant pour cette rencontre. Joseph devenu deuxième personne
du règne pharaonique aurait pu bâtir un très haut lieu
consacré au rassemblement de ses frères et à la rencontre de ce peuple hébreu avec le
Dieu de leurs pères.
Mais le passage en Égypte avait un autre objectif : il fallait
transformer la descendance de Jacob en un peuple mûr capable de transporter et
de transmettre à l’humanité toute entière les messages et les promesses divins.
La première leçon spirituelle à tirer : Dieu ne veut et ne peut rencontrer qu’un cœur aride, dépouillé, appauvri et buriné par la douleur afin de le rendre heureux ; de ce fait ce cœur reconnaîtra le bienfait et ne pourra plus que dépendre de Dieu seul ; car le cœur est amené à se tourner vers Dieu en tout moment .En cas de chute la miséricorde de Dieu est toujours là pour reprendre si ce cœur revient à Dieu à n’importe quel moment, dès le matin, ou à midi lorsque le soleil brûlant est au zénith, à la verticale sur la tête , et en pleine nuit lorsque le froid glaciale du désert fait frissonner.
Dépendre de Dieu en tout et pour tout, c’est mûrir sa foi. La manne, cette nourriture providentielle et mystérieuse au goût multiple descendait du ciel, de nul part ; l’eau sortait des rochers secs ! Le Seigneur Jésus Christ le confirmera dans les Béatitudes : bienheureux les pauvres… Les besoins de la survie créent la dépendance ; la dépendance crée des attaches avec le divin pourvoyeur ; c’est le lien de la foi dans le domaine spirituel. L’Eternel Dieu a voulu consolider ce lien. C’est le premier but recherché par ce passage dans le désert.
Le ramassage de la manne véhiculait un autre message de dimension spirituelle ; la restriction imposée par Dieu éveillait le sens du partage et de la solidarité ; la restriction combattait la gloutonnerie et l’égoïsme et cultivait l’amour du prochain et l’espérance. C’est pour cette raison que cette nourriture spéciale pourrissait en une nuit si quelqu’un cherchait à se faire des provisions pour l’avenir ; ou il le vomissait en cas d’excès de table par goinfrerie. Il fallait cultiver et renforcer le sens du partage, de la solidarité et de l’amour du prochain surtout en période d’extrême dénuement.
Le déplacement fréquent de
l’arche et la transplantation du camp sont une autre leçon d’égalité de
traitement dans le travail devant Dieu ; c’est aussi une leçon qui
renseigne sur le danger que peut courir un sacerdoce sédentaire avec des
risques d’abus de pouvoir et d’orgueil du dominant qui peut être tenté de
passer pour un petit dieu .
Et toutes les formes de gouvernement ont été expérimentées pendant les quarante années du désert ; seul a été retenu et survivra le gouvernement théocratique. La Loi de Dieu et les multiples commandements régiront la société israélite en tous points de vue. Ce qui fait qu’en Israël et en Juda, tout manquement dans un domaine quelconque de la loi d’ordre moral, social, religieux, économique ou spirituel, touchait tout le pays et tout le système d’organisation sociale. Et le Dieu miséricordieux ne pouvait et ne faisait que « sévir » dans sa fidélité selon les prescriptions de cette loi. Mais pour être juste il faut dire que le péché se punissant lui-même, ce fait laisse quelque peu Dieu en spectateur.
En matière socio-économique par exemple, le sens du partage inculqué au peuple dans le désert sera mis en application une fois que l’installation en Canaan était devenue effective ; il était alors demandé aux hébreux propriétaires des champs de ne pas glaner partout en totalité mais de laisser un coin pour les pauvres, la veuve et l’orphelin. Le revenu minimum d’insertion instauré dans les pays développés en est un exemple.
e-mail :
pl.manz@wanadoo.fr
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