L'UNITÉ DE L'ÉGLISE

 Luc aime à souligner dans le début des Actes, par des adjectifs ou des adverbes (tout, tous ensemble, même) l'unité de l'Église. Cette unité est le signe de l'irruption des temps derniers, et elle représente une manifestation particulièrement importante de l'Esprit Saint répandu en abondance.

 Le nouveau fondement de l'unité : la Pentecôte

Même si ce récit apparaît bien connu, il n'est pas inutile de le relire et de s'y arrêter. Pour constater d'abord que Luc intègre deux traditions différentes qu'il importe de distinguer :

·  Lorsqu'il nous dit que « chacun les entendait parler sa propre langue », nous nous trouvons devant une manifestation d' « hétéroglossie » ;

·  Lorsqu'il nous dit plus loin que certains s'esclaffaient « ils sont pleins de vin doux », nous imaginons un langage brouillé, incompréhensible aux auditeurs, et c'est donc de « glossolalie » qu'il est maintenant question. Paul présente ce phénomène comme un « parler en langues » (1 Co. 12, 11-28).

La glossolalie frappe, mais elle reste un phénomène mineur, toujours sous le contrôle de la volonté. C'est une forme d'exultation enthousiaste, accordée au plus grand nombre, née de la communion humaine autant que d'un don spirituel : elle ne demande pas une interprétation particulière.

Il en va tout autrement avec l'hétéroglossie. Il s'agit d'un don spécifique (l'historiographie dominicaine l'attribue à Dominique en une circonstance, quand il a voyagé avec des pèlerins allemands). Et ce ne sont pas seulement d'autres langues que parlent les apôtres, mais toutes les langues : en signalant en effet la grande diversité des peuples présents, et en élevant leur nombre à Douze, Luc veut signifier par là l'universalité.

L'hétéroglossie prend tout son sens à partir du texte de Gn 11 sur Babel. Avant Babel, les hommes « se servaient de la même langue et des mêmes mots ». Cette indifférenciation primitive ne fut pas seulement source d'un orgueil ruineux « Faisons-nous un nom » (v. 4) ; comme le rappelle fort justement Marie Balmary dans sa lecture de Gn 11, cette indifférenciation n'est pas non plus créatrice et c'est pourquoi, en la détruisant, Dieu ne se venge pas de l'orgueil de l'homme, mais il le construit à nouveau. En tout cas, l'intervention de Dieu provoque la différenciation (v. 7) et la dispersion ; s'il ne nous est rien dit des conséquences de ces faits, nous constatons néanmoins que les guerres continuent, que l'incompréhension est toujours présente.

Faut-il revenir aux temps primitifs, ceux de l'indifférenciation ? Certains aujourd'hui qui défendent le latin d'église, le pensent et le font savoir. Ac 2 est un rejet explicite d'une telle position. Par le don de l'Esprit qui « se divise » mais ne divise pas (v. 2) et qui vient remplir chacun (v. 4), la communion est parfaitement restaurée selon que l'Esprit la donne (v. 4). Les Juifs rassemblés à Jérusalem viennent « de toutes les nations qui sont sous le ciel » (v. 5) comme ceux qui avaient été dispersés après Babel l'avaient été « sur toute la surface de la terre » (Gen. 11,8-9).

Le message est clair : l'unité est un don que l'Esprit fait à l'Église, elle n'est pas d'abord le fruit de l'effort des hommes, quand bien même ces efforts ne sont pas inutiles. Mais il reste que ce don ne supprime pas toute distinction, que les divisions peuvent donc à nouveau surgir et qu'il doit sans cesse être renouvelé pour être fructueux.

 

Extrait de « L'Église dans les Actes des Apôtres »

Sciences Bibliques / Hervé PONSOT, op / http://biblio.domuni.org/

 

 

Autres liens :

http://ecc-fr.ifrance.com/ecc-fr/pentecote.htm

 

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